C’est à titre personnel que je vous livre quelques réflexions sur Monsieur « Ti-Da » comme nous l’appelions enfants.
Je l’ai connu comme voisin à une certaine époque. Puis je l’ai revu plus tard dans un film sur la fermeture de St-Octave. Fidèle à lui-même, conscient de la tromperie derrière les belles promesses qui nous étaient faites et luttant de toutes ses forces, parfois seul, pour tenter d’éviter le malheur programmé.
J’ai vu cet homme pleurer à la fin de ma chanson « St-Octave-de-l’Avenir » lors du premier grand rassemblement des anciens en 1976. Je n’oublierai jamais le moment où après le concert, il m’a donné la main comme s’il me confiait une mission, un secret à protéger. J’ai compris ce jour-là que ma vie était désormais liée à St-Octave. Que quelque chose d’invisible mais d’important devait survivre à l’épreuve que nous avions vécue et être révélé quel que soit le temps qu’il nous faudrait pour le comprendre.
J’avais intuitivement ou et peut-être un peu imprudemment dit dans une autre chanson de ce même concert :
« Si tu penses que ça pas servi
C’que t’as vécu fais-toi-s-en pas
Les enfants qu’t’as faits sont en vie
Ils sont en train d’s’occuper d’ça »
Suite aux derniers événements, je suis heureux et fier pour lui et les quelques rares anciens de sa génération encore parmi nous. Il aura vu de son vivant, des enfants de St-Octave reprendre en main le destin et la maîtrise de l’œuvre commencé en 1932.
Quelle que soit la grandeur de ce que nous réaliserons dans l’avenir, n’oublions jamais que ce sont eux, les anciens, les fondateurs, qui nous ont permis de naître dans un pays neuf, de vivre cette fraternité humaine qui nous unit tous dans une histoire commune. Nous sommes protégés à jamais d’être complètement malheureux, parce que dans nos vies, il y a St-Octave-de-l’Avenir.
Merci Monsieur Ti-Da. Je vous souhaite encore longue vie, dans la paix et la sérénité. Votre mission est accomplie.
Daniel DeShaime